« La justice n’est pas seulement pénale. Ce n’est pas ce qu’une certaine opinion voudrait que ça soit. Elle est juste et indépendante chez nous, incarnée par des hommes et des femmes de valeurs ». Cette phrase au relent de plaidoirie a été prononcée par l’ancien Garde des sceaux pendant la cérémonie de passation de service avec son successeur Aïssata Tall Sall. Ismaïla Madior Fall a expliqué, qu’au-delà de l’aspect pénal, la justice est aussi civile, commerciale, familiale, administrative. « Je ne peux continuer à la décliner dans ses différentes fonctions » dit-il. Selon lui, on veut juger la justice à l’aune d’une ou deux affaires. Elle n’est pas instrumentalisée comme le prétendent certains, c’est le service public. Elle fait partie des plus respectées de l’Afrique. D’ailleurs, dans les grandes juridictions internationales on voit les hommes et femmes de la justice de notre pays.
Par ailleurs, il mentionne que le meilleur indicateur de l’indépendance de la justice n’est pas les textes mais l’imprévisibilité des décisions de justice. « Lorsque certaines décisions sont rendues, je ne suis pas au courant. Je ne suis pas toujours d’accord avec certaines décisions mais la justice fonctionne comme ça ». Répondant à Aïssata Tall Sall qui fait des longues détentions préventives un point à éliminer, il dira qu’elles ne représentent que 3% et les femmes sont à 2,8%.
En tant que nouveau ministre des Affaires étrangères, Ismaïla Madior Fall s’inscrit dans la continuité de ce que le ministre Aïssata Tall Sall a fait dans la diplomatie. ” je n’ai pas votre talent mais je vais continuer sur vos pas parce que la diplomatie sénégalaise est respectée. Vous avez été un excellent ministre des Affaires étrangères. Je suis en terrain largement défriché ». Le nouveau patron de la diplomatie va tout de même essayer de faire du Sénégal une force de contribution dans un contexte sous-régional perturbé. « Notre pays est spécial parce qu’ayant la légitimité de formuler des propositions dans les conflits qui secouent la sous-région, l’Afrique et le monde », conclut-il.