Au Sénégal, plus de 400 bars qui servent de la Chicha avaient été recensé au Sénégal, il y a quelques années. En 2020, le ministre de la Santé et celui du Commerce, qui considéraient ce produit nocif, avaient pris un arrêté pour interdire son importation, sa commercialisation et sa consommation. Cette mesure est-elle effective ?
Alors que le ciel chassait les derniers rayons qui l’ensoleillaient, un ballet de véhicules ruisselle dans les ruelles des Almadies. Fini le job, l’heure est à la décontraction. Du coup, les petits restaurants et bars ouvrent leurs portes à leurs clients.
Dans un établissement huppé du quartier, l’affluence est au beau fixe. Mais, la star du coin, c’est le gérant du Bar chicha. David (Nom d’emprunt), est c’est lui qui distribue les appareils chicha. Son coin est celui qui reçoit le plus de monde, dans tout le restaurant. Vêtu d’un Boubou blanc et d’un jean déchiré, David est entouré, en cette nuit tombante, de ses fidèles clients. Il se permet même d’échanger quelques coups de pipe de chicha, un double melon avec un client assis à côté de lui, un habitué.
«La chicha est plus qu’à la mode, ça devient une habitude dans la vie de certains jeunes. J’ai des clients qui viennent ici seulement parce que la vente de la chicha est autorisée contrairement à d’autres endroits du coin. Certains en sont même accros, Oui accros. Une fois un client est venu ici et ne se sentait pas bien, après une partie de chicha il a déclaré qu’il se sentait bien à nouveau parce qu’il a eu sa dose du jour», nous explique David.
« Des client viennent utiliser la chicha pour plusieurs raisons. Certain c’est pour se détendre, d’autres pour digérer mais il y en a qui ne peuvent tout simplement pas s’en passer », ajoute-t-il. Y-a-t-il de la nicotine dans ce produit tant convoité par ses clients ? David dit que non.
Pourtant des études ont affirmé que la chicha contient bien de la nicotine. Son usage induit une dépendance et la fumée est pour sa part à l’origine d’effets toxiques. Mis au courant, David semble étonné par cette information. Il dit ignorer une telle chose.
Après quelques minutes de discussion, un client prend place sur la même table que David à côté du bar. Il est barbu, vêtu d’une chemise bleue carrelée. Il passe sa commande: un chicha de la marque Adélia, saveur love 66 et un thé appelé ‘’drogue’’, composé de thé vert citron et gingembre.
Agacé par mes questions, l’homme prend ses distances. Il déguste sa commande sans se mêler de notre conversation. Mais, au bout de quelque temps, il arrache la parole :« Je ne peux pas me passer de la chicha. Une fois il pleuvait et le bar à chicha était fermé. J’étais obligé d’aller jusqu’à Dakar (centre-ville) dans un autre restaurant, pour fumer», confia-t-il.
Il ajoute être enrhumé, mais il ne peut pas s’en passer. Il avoue être au courant que la chicha contient de la nicotine, ce qui rend accros ses consommateurs. Mais, l’homme ne semble pas s’en inquiéter.
Dans ce coin perdu dans les entrailles des Almadies, impossible d’y rester quelques minutes si vous ne supportez pas. Fumée et bourdonnements des appareils chicha font la pluie et le beau temps.
Il faut rappeler que récemment le Mali a interdit la consommation, la commercialisation et l’interdiction de la chicha.