Les coulisses d’une discrète médiation. L’architecte Pierre Goudiaby Atepa et le militant des droits de l’homme Alioune Tine sont au cœur de ces négociations officieuses entre le président et l’opposant sénégalais Ousmane Sonko.
Qu’est-ce que Macky Sall et Ousmane Sonko se sont dit. Le président Macky Sall a-t-il mandaté pour rencontrer Ousmane Sonko et aller vers un dialogue ? La réponse de Atépa interrogé par RFI est nuancée. « Macky Sall m’a demandé de faire tout ce que je pouvais faire pour que les Sénégalais puissent se parler entre eux, y compris Monsieur Sonko », a révélé Atépa.
Avec quel objectif ? « L’objectif, d’abord, d’un apaisement réel de la situation. Il a appelé à un dialogue, mais bon, le dialogue, ça fait plusieurs fois qu’on parle de dialogue, je parle plutôt de concertation. Et il nous a demandé de voir ce que nous pouvons faire pour réunir les uns et les autres, pour voir comment, en interne, nous pouvons trouver des solutions, qui devraient passer par des dates raisonnables pour tenir des élections », a-t-il souligné.
Quid de la libération de Sonko ? « L‘option est sur la table, et le Président Sall me l’a dit. Et c’est pour cela qu’il a demandé que les gens se concertent. Seulement, pour cette concertation, il faut de la confiance. Et nous, nous sommes là pour essayer, faire en sorte, que la confiance puisse revenir de part et d’autre », a indiqué Atepa.
La réponse de Sonko à Macky
« Je ne peux pas vous dire. Je lui ai dit : « Voilà ce que le président souhaite, il souhaite un climat apaisé, il souhaite, éventuellement, que tout le monde puisse être candidat, y compris vous. Et il faut lui faciliter la tâche. » Il m’a dit : « Écoute, je ne suis pas seul, il faut que je consulte les gens de mon parti. »
Selon toujours Atepa, Ousmane Sonko a posé des conditions. « Il demande d’abord qu’on lui donne des gages, qui passent par la libération des prisonniers, j’allais dire, « politiques », qui passent également par des concertations de sa part avec ses militants, ou les gens de son parti, et c’est ce que le président fait également du côté de son parti. »
Atepa précise que Sonko n’est pas préoccupé par sa libération. « Sa libération n’est pas un problème pour lui. Lui, sa préoccupation, ce sont les gens qui ont été abusivement arrêtés et je peux vous dire que le président, là, également, est d’accord, il a décidé de libérer le maximum de gens, et je pense que d’ici quelques jours, il y aura peut-être un millier – je dis bien un millier – de prisonniers qui seront libérés. C’est pour cela, effectivement, qu’il faut du temps, et encore une fois, nous n’avons pas le temps jusqu’au 25 [février] de faire ça, et je souhaite que les uns et les autres soient raisonnables, qu’ils comprennent que nous sommes dans une situation inédite et qu’il faut, peut-être, des compromis sans compromissions. C’est difficile, mais c’est possible », a déclaré Atepa.