Le président Macky Sall a donc interpellé le Chef d’état-major général des armées (CEMGA), le général Mbaye Cissé ainsi que des officiers supérieurs au sujet de l’immigration clandestine. La révélation est du journal Le Quotidien de Madiambal Diagne connu pour sa proximité avec le chef de l’Etat.
Selon le journal, Macky Sall n’arrive pas à comprendre pourquoi les pirogues chargées de migrants continuent à quitter le Sénégal, malgré tous les moyens déployés. «Le Président voudrait comprendre s’il y a négligence ou incompétence de la part des Forces de défense et de sécurité ou, encore pire, de la complicité de la part de certains éléments», ajoute Le Quotidien.
Ainsi, Macky Sall semble convaincu que la réponse militaire peut être efficace face aux hordes de migrants clandestins. Lorsque le phénomène a connu un regain d’intérêt, le gouvernement a déployé les forces armées pour surveiller les côtes sénégalaises. Dakar a même reçu récemment un soutien matériel venu d’Espagne. Selon la Radio-télévision de Turquie (TRT), « l’Espagne a livré six nouveaux drones au Sénégal et prévoit de renforcer le personnel de sécurité qu’elle a déployé… » Ces drones devraient aider à détecter les départs de navires afin de les intercepter.
Selon le ministre espagnol de l’intérieur par Intérim, Fernando Grande-Marlaska, cité par TRT, en plus des drones, il y aura « un avion de la garde civile pour aider à patrouiller les côtes du Sénégal et de la Mauritanie, en plus de 38 soldats équipés de quatre bateaux, d’un hélicoptère et de 13 véhicules tout-terrain ».
Du côté du Sénégal, le gouvernement a opté pour la politique de l’autruche. A la place de réponses politiques, on semble miser sur la communication. Ainsi, depuis des semaines, on multiplie les communiqués sur le nombre de migrants interceptés par la marine nationale.
Mais la réalité en mer, insubmersible, n’a pas tardé à refaire surface. Et l’effet boomerang est d’autant plus difficile que l’information est venue des autorités espagnoles. Selon Madrid, 90% des 14 000 migrants clandestins arrivés aux Îles Canaries depuis janvier sont des Sénégalais. Des jeunes qui ont perdu tout espoir en leur pays, au point que des femmes enceintes, dont la grossesse arrive à terme, tentent le voyage plus que périlleux.
Le régime de Macky Sall semble à court d’argument. Certains comme Modou Diagne Fada s’accrochent sur le fait qu’il n’y a pas que des Sénégalais. Ce qui dénote un aveu d’impuissance. En lieu et place des mesures pour y faire face, on préfère dire : nous ne sommes pas les seuls. D’autres essaient de s’appuyer sur des cas isolés pour faire croire que la raison des départs n’est pas toujours économique.
Certes, les migrants viennent de tous les pays d’Afrique et même d’autres régions du Monde. Mais le nombre de Sénégalais qui arrivent sur les côtes espagnoles et italiennes est sans commune mesure, sans compter ceux qui échouent en cours de route. A ces candidats à la mer s’ajoutent ceux qui choisissent le Nicaragua.
Ce départ de milliers de jeunes sénégalais est particulièrement gênant pour le président Macky Sall et ses partisans. Il traduit l’échec cuisant de la politique de l’emploi. La superposition des structures (Anpej, Der, Adpme, Anama, Fnpj, 3Fpt,…) de formation et d’emploi des jeunes n’a rien donné de concret. Les jeunes ne ressentent pas les taux de croissance tant vantés par le régime. Ce ne sont pas des investissements gargantuesques comme le Ter ou le Brt ou Air Sénégal qui les retiendront.
Ainsi, le plus difficile pour Macky Sall et Cie est que les preuves de l’échec se font jour à l’heure du départ du pouvoir. Face à ce pied de nez, le président détourne le regard. Il est resté silencieux sur ce drame qui mérite pourtant un débat national. Malheureusement, la question est traitée comme un épiphénomène.
Macky Sall continue de s’acharner sur les réseaux sociaux, au lieu de travailler à un environnement propice à la création d’emploi. Ses ministres qui se nourrissent de l’Etat depuis le début de leur carrière demandent aux jeunes de faire de l’auto-emploi.
Pendant ce temps, non seulement eux ne sont pas dans l’entreprenariat, mais ils cherchent à caser leurs militants dans les structures publiques. Pourquoi ne commencent-ils pas par enseigner l’auto-emploi à leurs proches et militants ? Si tel était le cas, ils seraient sans doute plus crédibles aux yeux de la jeunesse. Mais de toute façon, cette jeunesse est suffisamment désespérée pour ne plus les écouter.