L’opposition en montant cet attelage original est sur le point de phagocyter la majorité jusque-là confortable de Macky Sall.
La lecture définitive des élections législatives est encore floue pour le moment. Si les tendances montrent clairement une forte poussée de l’opposition emmenée par l’inter coalition Yewwi Askan Wi/Wallu Sénégal, la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar a revendiqué la victoire, très tard dans la soirée”Nous avons gagné 30 départements” sur les 46 que compte le Sénégal et des circonscriptions à l’étranger. “Ceci nous donne incontestablement une majorité à l’Assemblée nationale”, a déclaré à la presse la tête de liste de la coalition présidentielle, Aminata Touré.
“Nous avons donné une majorité à l’Assemblée nationale à notre président de coalition”, a-t-elle renchéri sans donner le nombre de députés obtenus par son camp ni préciser s’il s’agit d’une majorité relative ou absolue. Elle a néanmoins reconnu la défaite de sa coalition à Dakar.
La réplique à Mme Touré n’a pas tardé du côté de l’opposition. Barthélémy Dias, a parlé de “vulgaire mensonge” et de “majorité préfabriquée”.”La cohabitation est inévitable. Vous avez perdu cette élection au niveau national. Nous ne l’accepterons pas. Cette forfaiture ne passera pas”, a ajouté le maire de Dakar
En attendant les résultats partiels puis définitifs, qui seront prononcés par les organes habilités, l’opposition YAW WALLU peut raisonnablement afficher sa satisfaction. La stratégie de mettre en place l’inter coalition a eu l’effet escompté : pousser Macky Sall dans ses derniers retranchements, et envisager légitimement une cohabitation.
“Accord du siècle”
En parvenant à sceller l’union entre les deux camps, Déthié Fall, mandataire national de la coalition Yewwi Askan Wi avait parlé “d’accord du siècle”. Enthousiasme exagéré mais compréhensible car cette alliance a mis du temps à se dessiner. Que ce soit lors des législatives de 2017 ou des locales de janvier dernier, les tentatives d’alliance avec Abdoulaye Wade et ses alliés ont à chaque fois échoué. Pour parer à un énième désaccord, les deux camps ont mis en place un système pour le moins original : l’entente ne concerne que les listes départementales. Sur le plan national, YAW et Wallu ont déposé des listes distinctes avec comme tête de liste Ousmane Sonko, d’un côté, et Abdoulaye Wade de l’autre. « Pourquoi nous disputer sur les investitures nationales ? Nous savions que nous n’allions pas nous entendre. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur les départements », expliquait Déthié Fall, après la concrétisation de l’alliance. “Le calcul est simple : sur l’ensemble des 165 députés qui seront élus le 31 juillet, 112 le seront au niveau départemental, lors d’un scrutin majoritaire à un tour. Le but n’est donc pas d’obtenir plus de 50 % des voix. Juste d’être devant Macky Sall”, ajoutait-il.
Au départ, le deal a créé des remous notamment au sein de Wallu où quelques cadres se sont sentis lésés lors des investitures et ont claqué la porte : Mayoro Faye, Cheikh Mbacké Bara Dolly.
Mais, au final le moins que l’on puisse dire c’est que les deux camps ont tapé dans le mille en tirant leur, chacun, dans les départements où ils sont forts : Dakar, Pikine, Guédiawaye, Keur Massar, Rufisque, Mbacké, Ziguinchor, Oussouye et Bignona, Bambey.
Outre ces localités, l’inter-coalition Yewwi-Wallu a également remporté près de huit départements de la diaspora.
Et l’objectif de contraindre Macky Sall à la cohabitation ne semble pas aussi impossible qu’il ne paraissait, il y a quelques mois.